Cette nuit j'ai vu Amélie. Ouais, je l'ai vu comme je vous vois, devant moi, elle me parlait. Elle passait chez moi avec Faustine, Zabou et les autres avant de sortir à ces fameuses soirées étudiantes qu'on se faisait de temps à autres. Elles étaient toutes là, et elle aussi. Je la regardait au milieu de toutes mes amies, qui rigolaient comme d'habitudes, et je me disait "ouah, elle a pas compris qu'elle était plus de ce monde, elle est là, et elle a pas compris que ça ne peut plus être..." Quand ce fut le moment de partir à la soirée, elles sont toutes sorties de l'appartement et moi je suis restée. Amélie est revenue seule, et elle m'a parlée. Je lui ai expliquée qu'elle n'était plus de ce monde parce que je croyais qu'elle n'avait pas compris, mais c'est moi qui n'avait rien compris. Elle m'a dit avec sa douceur habituelle, "Tu sais Natacha, je suis morte, mais c'est pas grave..." comme pour me dire qu'elle n'est pas mal là où elle est, et que ce n'est pas un drame. Et là je lui ai dit: "Mais tu sais j'ai tellement de regrets..." Toujours aussi douce, elle m'a répondu "Je sais, tu n'as pas besoin de le dire, ca se voit...". Et puis on s'est mise à pleurer toutes les deux, elle m'a serrée dans ses bras et elle est partie.
Certaines religions, et certains mythes disent que les esprits viennent nous parler dans nos rêves. J'aimerais tellement croire que c'est vrai, et me dire que j'ai discuté avec elle cette nuit-là. J'aimerais tellement y croire que je pense que j'y crois dans le fond. Et que j'ai adoré cette nuit, comme j'ai pu adorer celles où c'est Bertille qui m'est apparue dans mes rêves. L'un des moments que je savoure le plus, c'est celui où on est entre le sommeil et le réveil et où on capte pas vraiment que c'était qu'un rêve, où on croit que c'est un souvenir. C'est ces quelques secondes où l'on sent que tout est "normal" selon notre norme, le bonheur retrouvé. Bien sûr, quelques seconde plus tard on se rend compte que ce n'était qu'un rêve. Mais c'est si bon de nous accorder quelques seconde de notre réalité, celle qu'on se fait, et où, pour ma part, tous mes copains et mes copines sont présents et vont bien.
